On change d'île

Ce matin, c’est la préparation d’avant départ. On explique les derniers points à Max et Andrea. L’employé de la marina vient nous voir pour être certain qu’on part aujourd’hui et nous demande notre facture. Si jamais ils voulaient qu’on quitte plus tôt, ce n’était pas écrit. Si c’était pour une autre raison, on ne le saura jamais. Il revient, nous redonne la facture et c’est tout. Le fait que les deux autres bateaux ont quittés au lever du soleil en est peut-être pour quelque chose. On ne le saura jamais.

On quitte la marina San Miguel et l'île de Tenerife vers 10h40. Il y a peu de vent. On est donc à moteur. En fait, pour environ 4h, nous serons surtout à moteur car on a le vent dans le nez. Louis monte la grande voile et le génois car on devrait avoir environ 15 nœuds de vent plus loin des côtes. Mauvaise information mais on ne l’apprendra que quelques temps plus tard.

Plus loin, le vent est à 35-40 nœuds soutenu. On enroule donc une partie du génois. Puis Louis demande à Max d’aller descendre la grande voile. Ce n'est pas une tâche facile, surtout en ce moment, mais c'est comme faire de la bicyclette, Max n'a pas oublié, c'est juste plus difficile avec les vagues. Ce n’est pas une journée de voile facile disons. Louis nous dit souvent qu’il reste 30 minutes, je sais bien que ce n’est pas vrai. Les autres s’en rendent aussi compte. Un moment donné, après quelques heures, Andrea me regarde et me demande" combien de temps encore?" et je lui dis environ 1h. À son visage, j’aurais aimé lui dire juste 30 minutes, mais c’est pour ça qu’elle me l’a demandé à moi, pour avoir une idée réelle. Elle est tellement bonne pour sa première fois en voilier, sur l'océan en plus, elle fait de la visualisation pour s’aider.

J’ai remis les fameuses lunettes car ça a semblé fonctionner la dernière fois. On mange des biscuits digestive que Andrea a apporté ou des pastilles et bonbons au gingembre. Je travaille fort pour ne pas être malade. J’ai dit à Andrea que je ne le serais pas, c’est comme mon mantra: “non, tu lui a dis que ça irait, tu ne seras pas malade”. Je ne sais pas par quel miracle j’y suis arrivée, mais avec mon expertise de mal de mer, j’ai fini pas bien comprendre mon corps et où il est rendu dans ses étapes. Dès que je commence à avoir froid, je demande à Louis mon manteau coupe-vent et une couverture pour Andy.

Max est à l’arrière et reçoit plusieurs vagues au visage, il est tout trempé. Louis aussi, mais il va enlever son chandail, après un bout de temps, pour mettre un coupe-vent. Max reste comme il est. Louis nous demande de mettre nos ceintures de sécurité. On s’exécute. Ça réchauffe un peu Max et Andy et ça sécurise vu les vents et les vagues.

Je descends dans la cabine et je vois que l’eau est entrée par le côté du bateau et a mouillé les vêtements de Andy et leur lit, mais j’attends avant de le dire car ce n’est pas le moment disons. Une épreuve à la fois ;)

On arrive dans la baie de El Medio vers 17:40, on s’ancre près de la plage. Le guindeau (windless) ne fonctionne pas. Je descend plus de 200 pieds de chaînes et de cordes à la main. Bon, ça descend quand même relativement bien, mais je pense déjà à la remontée qui sera moins facile, ce n'est pas notre première fois non plus avec ce problème. La profondeur de l'eau sous le bateau est de 23 pieds, la marée est descendante. Quelqu’un vient nous voir dans son kayak pour nous dire quelque chose, en espagnol. On ne comprends rien. En fait, on comprend qu’il nous dit de ne pas rester où on est à cause de la marée. On lui dit qu’on est ok. On verra plus tard si on doit bouger.

Je dis à Andy que ses vêtements sont mouillés et on sort tout sur le pont pour les faire sécher. Elle est tellement bonne, elle a une superbe attitude. Wow!

On soupe léger. Je mange le reste des pâtes, Andy une sandwich simple et les gars des hamburgers doubles. Je ne comprends même pas comment ils peuvent manger tout ça. Mon corps ne veut pas manger, mais il le faut, au moins un peu.

Gravol vers 21:30-22h car je veux dormir mais j’attends. Max va dormir. Je reste avec Andy et Louis dehors. Louis veut attendre la marée basse avant de dormir. Elle est à 23:15. Je ne sais pas comment j’ai fait pour me rendre jusque là, mais j’ai tenu le coup. Il y a 15 pieds d’eau sous le bateau. On est donc ok.

Temps d’aller dormir, seule, Louis va rester dehors pour vérifier que l’ancre tient bien et que tout est ok. Comme on n’a pas compris l’homme plus tôt, aussi bien être prudents. Bonne nuit capitaine!